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7 janvier 2007

Libertés au Maroc

classement

A la question le Maroc est-il une démocratie, les analystes de « The Economist Intelligence Unit » (EIU) répondent par un non ferme. La publication londonienne, affiliée au groupe « The Economist », classe le Royaume parmi les pays « à régime autoritaire » et lui attribue la 115ème place dans l’indice de démocratie 2007.

Chaque pays est noté selon cinq catégories :

Pluralisme et processus électoral (3,5/10 pour le Maroc);
Fonctionnement de la gouvernance (3,79/10);
Participation politique (2,78/10);
Culture politique (5,63/10);
Droits civils (3,82/10);

Moyenne générale du Maroc : 3,90/10,  rang : 115ème,  mention : pays autoritaire.


Ce qui est bien avec les classements mondiaux (RSF, IDH, Démocratie,..) c’est que l’on connaît les résultats avant tout le monde : on est toujours parmi les derniers de la classe, du coup ça nous n’avance à rien. Mais le classement de l’EIU fait figure d’exception dans le sens que personnellement il me fout carrément les boules (tout ça pour ça). Au grand désarroi, petite consolation : Au moins pour ce classement, la méthodologie utilisée pour la notation est clairement expliquée ce qui permet de comprendre.

Comment ça marche ?
La notation se base sur un questionnaire de 60 questions regroupées en cinq catégories (disponible à la fin du rapport). Pour chaque question les analystes affectent une note au pays étudié (1, 1/2 ou zéro) selon la réponse correspondante. Malheureusement la synthèse de l’EIU ne donne pas le détail des notes marocaines mais chacun peut s’amuser à faire son propre classement.

Etude de cas
On ne se plongera pas sur les questions de fonctionnement des institutions (en particulier la position qui est la mienne sur la concentration des pouvoirs dans les mains du Souverain) et de la gouvernance.
Attardons-nous sur les « libertés civiles » catégorie dans laquelle nous sommes très mal notés : 3,82/10.

Le droit des minorités :
Ce genre de classement attribue une grande importance à la question des minorités. Une étude attentive des questions composant la catégorie « libertés civiles » permet de dégager un premier enseignement : Un pays à référentiel islamique comme le Maroc perd, de jure et de facto, plusieurs rangs.
L’Islam étant la religion d’Etat, les autres cultes ne sont pas traitées à part égale au Maroc. Le code pénal marocain punit celui qui amène un Marocain à s’apostasier ou qui ébranle sa foi (article 220). L’athéisme n’est pas une infraction mais le rompt public du jeûne de ramadan est un délit (article 222). La discrimination fondée sur le sexe en particulier l’Héritage (code de la famille) existe aussi bien que la discrimination selon les orientations sexuelles, l’homosexualité étant punie par la loi (article 489) et la société…

Entendons-nous : Mon propos ici n’est pas de dire qu’il faut changer ce référentiel islamique mais juste de souligner que du point de vue d’un analyste occidental, les pays islamiques sont automatiquement mal notés sur ces questions (même si les sociétés musulmanes ne considèrent pas cela comme un défaut démocratique). Il convient néanmoins de souligner, que plusieurs organisations islamistes font de ce type de classement un argument électoral alors que leurs revendications en la matière vont souvent bien au-delà de ce qui est reproché aux pouvoirs en place. Paradoxal, n’est-ce pas ?

Liberté d’expression :
La question sous-jacente est : Les journaux sont-ils libres au Maroc, peuvent-ils parler de tous les sujets ? La réponse est à priori oui. La monarchie, l’armée, le Sahara (nos trois lignes rouges jusqu’au début de ce millénaire) font objet d’un traitement qui me paraît aujourd’hui assez libre. Mieux, les publications marocaines publient souvent les bonnes feuilles des livres interdits au Maroc (Tobji, Tuquoi,..). Je ne suis pas dans la tête des journalistes marocains pour dire s’ils font de l’autocensure ou non. J’aimerais bien qu’un jour la profession réponde clairement à cette question.


Mais poussons les choses un peu plus loin : Les journaux de Al Adl et Al ihssane sont interdits au Maroc, de même que les publications gay par exemple. Par consensus national, aucun journal indépendiste n’est autorisé au Royaume. Ceci ne fait pas du Maroc une exception : les publications nazis et révisionnistes ne sont pas permises en France par exemple. Ceci nous mène à la question perpétuelle : où commence et où s’arrête la liberté d’expression ? Ca serait plus instructif si les analystes de l’EIU nous ont fournit leur grille de lecture au lieu des chiffres bruts. Mais dans ce débat, il y a au moins une chose dont je suis sûr : certaines publications marocaines, dont la ligne éditoriale sort du rang, font objets de pressions économiques et sont privées de publicité et d’annonces de la part d' annonceurs publiques ou proche des sphères de l’Etat.

Bref, pour ma notation interne j’octroierais pour cette question une note de 0,5 avec indulgence du jury. Peut, et doit, mieux faire.


Notes :
- Merci à l’excellent Sami qui a parlé en premier de ce rapport. Vous pouvez trouver sur son blog (interdit en Tunisie) plusieurs illustrations et infographies sur le sujet.

l'ambition de ce billet n’est pas d’argumenter ou de convaincre mais surtout de comprendre.



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