TERRES INDIENNES : HISTOIRE D'UN GÉNOCIDE
200 ans auront suffi à l’Homme blanc pour s’approprier les Terres indiennes. De l’arrivée des premiers mongoloïdes en Amérique du Nord il y a 40 000 ans, au temps des réserves, Jean-François Moyen retrace la colonisation du « Great American Desert » et l’histoire d’un génocide.
Quel est votre parcours ? Qu'est-ce qui, dans votre histoire personnelle, vous a amené à vous passionner pour la civilisation des indiens d'Amérique ?
J'ai suivi des études techniques qui m'ont conduit à devenir dessinateur industriel, puis plus tard représentant. Comme bon nombre de jeunes de ma génération, mon adolescence a été bercée par la musique, la mode, le cinéma américain et surtout ces westerns dans lesquels l'homme blanc, sans faille, défend la veuve et l'orphelin, contre les mauvais indiens, sauvages et sans coeur…
Plus tard, j'ai compris que la réalité n'était certainement pas celle que l'on avait bien voulu m'administrer. Et je me suis promis d'aller voir sur place… Quand je suis allé vivre à Los Angeles au début des années 90, j'ai commencé à me rendre régulièrement sur le territoire des Indiens Navajos.
Pouvez-vous nous raconter votre premier contact avec ce peuple ? Une anecdote sur vos premiers pas en terre indienne ?
C'était un 4 juillet 1994, j'étais accompagnée d'une amie française venue passer quelques semaines de vacances en Arizona. Nous roulions près de Tuba city, sur la route 160 qui traverse la réserve Navajo en direction de Monument Valley. Nous nous sommes arrêtés près de l'étale d'un Indien qui proposait de l'artisanat aux touristes de passage. Nous avons acheté quelques souvenirs et au moment de payer, j'engageai la conversation avec l'Indien : " Il n'y a pas beaucoup de monde aujourd'hui " lui dis-je. Il me répondit : " C'est Independance Day, les Américains sont en famille aujourd'hui ", avant de poursuivre : " Chez vous, c'est dans 10 jours " (sous-entendu, votre fête nationale). Entendre cette phrase au fin fond du désert de l'Arizona, de la bouche édentée d'un vieil Indien, m'a littéralement sidéré ; surtout quand on sait que la plupart des américains ignorent ce qu'est notre 14 juillet. Je lui demandai donc comment il savait que le 14 Juillet était notre Fête Nationale, alors il m'apprit qu'il s'était battu en France avec les troupes américaines en 1945. Il m'a parlé des " Code Talkers Navajos " qui ont participé à la guerre du Pacifique et des Indiens qui se sont battus en France lors de la première guerre mondiale. J'allais de surprise en surprise. J'ai donc commencé des recherches, je me suis familiarisé avec leur culture, j'ai découvert des gens accueillants et chaleureux et j'ai surtout écouté le récit des souffrances endurées par leur peuple au cours des siècles passés. J'ai collecté un maximum d'informations pendant plusieurs années que j'ai eu envie de partager avec ce livre, loin des images véhiculées par les westerns de mon adolescence.
Le sous-titre de votre ouvrage témoigne de votre engagement pour la reconnaissance des massacres passés. Comment cet épisode de leur histoire est-il enseigné aux petits américains ? Pensez-vous que le terme de génocide puissent être un jour reconnu par le gouvernement américain ?
On peut dire que c'est le " black out " total dans les écoles publiques de l'enseignement primaire et secondaire, tout juste parle-t-on de certains " évènements " comme la mort du général Custer, lors de la bataille de Little Bighorn. L'école en général et publique en particulier, entretient le flou autour de cette période, les informations sont distillées à doses "homéopathiques". Il est fait état de "guerres Indiennes", jamais de massacres. Il faut engager des études universitaires pour que soit abordée avec sérieux, cette période de l'histoire américaine. Quant à la reconnaissance du génocide par les différents gouvernements américains ou l'opinion publique, je crois personnellement, que ce n'est pas encore d'actualité. Lorsque vous parlez du génocide indien aux américains que vous croisez, ils ne veulent même pas entendre ce mot. Pour eux des génocides ont été commis par les nazis, contre les juifs ou les arméniens, mais en aucun cas contre les indiens d'Amérique.
Quelle est la situation des indiens aujourd'hui ? Comment organisent-il la transmission de leur histoire et de leur culture ?
Leur situation s'est améliorée à partir des années 60 et surtout 70, grâce aux mouvements revendicatifs qui ont vu le jour au cours de ces décennies tels que le NIYC (National Indians Youth Council), l'IAT (Indians of All Tribes) et surtout l'AIM (American Indian Movement). Néanmoins, il existe toujours d'énormes disparités entre la plupart des " natifs ". Les Cree, par exemple, sont considérés parmi les plus pauvres, avec un revenu moyen annuel provenant des aides de l'état, qui ne dépasse pas 3000 dollars par an. La nation Navajo, qui compte environ 300 000 descendants, vit principalement grâce aux ressources de son sous-sol, et prétend aujourd'hui à un PIB de l'ordre de 50 millions de dollars. Qu'ils soient riches ou pauvres, la transmission de leur histoire et de leur culture est de plus en plus active chez les indiens d'Amérique, elle passe principalement par le maintien des traditions. Prenant exemple sur les mouvements des noirs, ils ont réussi à créer, malgré leurs diversités ethniques, une cohésion et une solidarité et sont fiers de revendiquer aujourd'hui leur appartenance au peuple des "natifs".
Quels sont vos projets ?
Je prévoie un séjour au sein des tribus Sioux du Dakota, afin de partager leur vie et peut-être un livre sur cette nouvelle expérience.
Propos recueillis par Romain Boussot
www.manuscrit.com
Tout petit déjà, vous jouiez aux cow-boys et aux indiens, vous étiez fan de John Wayne.
Aujourd’hui, vous aimeriez savoir ce qu’Hollywood ne vous a jamais montré sur les Indiens.
Au début des années 1800, les cherokees à moitié massacrés par l'homme blanc sont poussés vers l'ouest, loin de leurs terres. Cette poussée fut accentuée quand on découvrit l'or. La Georgie confisqua donc ces terres (35 000 acres) aux indiens, abolissant leurs lois et leurs coutumes et les empêchant de témoigner devant la justice contre un blanc. Ils avaient l'interdiction de dire quelque chose contre l'immigration. Au printemps 1834, on confisqua la propriété du chef cherokee White Bird pendant qu'il négociait à Washington. De 1835 à 1837, on extermina les creeks en Alabama et les séminoles en Floride. Ceux qui en réchappèrent furent déportés. Le 10 mai 1838, le Général Scott accompagné de 7000 soldats donna un ultimatum aux cherokees résistants du nord de la Georgie. Le 18 mai, l'ordre fut donné aux troupes de rassembler les futurs déportés. Sous la menace des armes, sans qu'on leur laisse le temps de prendre leurs affaires, séparant parfois les enfants de leurs parents, on les regroupa dans 31 forts. Pendant ce rassemblement, il furent traités comme du bétail et subirent des cruautés. Ils n'avaient rien d'autre que les vêtements qu'ils portaient. La sécheresse tua environ 1500 cherokees. Le chef cherokee White Bird obtint du président Van Buren de pouvoir conduire eux-mêmes leur migration. 16 groupes de 1000 hommes chacun commencèrent alors la piste des larmes. Certains allaient pieds nus. Beaucoup d'enfants moururent à cause de la sécheresse et des maladies. Quand vint le rude hiver, certains sans couverture, beaucoup moururent de froid. Qatie Ross, la femme du chef cherokee White Bird (devenu John Ross) donna sa couverture à un enfant, elle mourut d'une pneumonie. D'autres succombèrent après avoir bu de l'eau croupie. On estime le nombre de morts sur la piste des larmes à 1 indien sur 4. A cette époque il y avait des débats pour savoir si un indien était humain et avait une âme! Le nom "la piste des larmes" ne vient pas des pleurs versés par les cherokees pendant leur marche mais des larmes versées par ceux qui les voyaient passer et qui compatissaient. Je suis complètement bouleversé en écrivant ces quelques lignes en leur mémoire. Je voudrais qu'on ne les oublie pas...
La représentation sur la peinture de Chirokees à cheval dans des chariots couverts avec autant de couvertures, n'est pas la réalité .
Les Cherokees marchaient parfois pieds nus sur tout le trajet vers l'Oklahoma.
The Trail of Tears: Cherokee Legacy
Chip Richie, Director (2006, 94 min.)
Ce documentaire de 2 heures explore la période la plus foncée de l'amérique:Loi indienne de déplacement du Président Andrew Jackson de 1830 et le déplacement obligatoire de la nation cherokee vers l'Oklahoma en 1838. Les milliers de Cherokees sont morts pendant la traînée des larmes, presque un quart de la nation. ILs ont souffert au delà de l'imagination et ils sont arrivés presque sans aucuns enfant et avec trés peu d'aînés...d'une manière, ils sont arrivés sans passé....et aucun futur.